« Le Bagnard de l’Opéra » ou « Gabriel Lambert » – Alexandre Dumas

81Ie4jpSDcL

Le Bagnard de l’Opéra 

ou

Gabriel Lambert

Cet ouvrage étant tombé dans le domaine public, et édité de nombreuses fois,

il est impossible d’en faire une fiche précise.

Il est aussi proposé gratuitement.

Cliquez sur le titre du livre.

Environ 220 pages

J’ai découvert ce livre au détour du CDI de mon ancien collège, dans les heures de permanence et de solitude. Je passais des heures dans cette petite bibliothèque qui était, ma foi, fort modeste, mais suffisante pour avoir au moins quelques œuvres des plus grands auteurs. Parfois, cette sélection d’œuvres est surprenante ; ce ne sont pas toujours les livres les plus célèbres qui se retrouvaient sur les étagères. C’est le cas pour Le Bagnard de l’Opéra, pratiquement le seul ouvrage d’Alexandre Dumas qu’on pouvait emprunter. Un titre bien curieux…

Je ne connais donc pas Dumas père pour ses Mousquetaires mais par son Comte de Monte-Cristo qui me laisse un souvenir très vague, tant j’étais jeune en le lisant (peut-être neuf ans tout au plus). C’est bien par Gabriel Lambert que je le connais, et peu semblent être au courant de l’existence ce livre, même mon professeur de français ; ce qui pousse à l’étonnement puisque Le Bagnard était manifestement au programme. En revanche, aucun professeur ne l’avait fait lire à ses élèves ; pour cause, il n’y avait qu’un seul exemplaire de ce livre, où il y en a au moins une trentaine au CDI pour les livres étudiés en classe. Eh oui, je retraçais souvent la vie de l’établissement scolaire par la seule présence de son centre de documentation…

Mais assez de « racontage de vie ».

Je rentre, avec cette critique, encore une fois dans mon domaine ; celui du bagne. Mon titre de Garde-chiourme n’est pas choisi par hasard ; je suis passionné, d’une manière complètement inexplicable, par le milieu carcéral du XIXe siècle. Sur les causes, les pourquoi, les comment ; les uniformes, la manière de vivre, la hiérarchie. Ce qui peut vous paraître un sujet historique extrêmement ennuyant devient, en fait, très intéressant une fois encadré par des histoires telles que celles que j’ai évoquées, et que je vais évoquer sur La Morne Plaine. Entre l’inspecteur Javert et Vidocq, deux de mes personnages adorés, je me suis aussi très vite intéressé à la police qui rôdait souvent autour de ces bagnards. Vidocq, tiens ! Nous allons en parler dans quelques phrases.

Dans ce livre de Dumas, l’auteur se fait narrateur et nous plonge encore plus au cœur de l’histoire, c’est tout l’avantage d’un récit à la première personne. Dumas, donc, emploie à l’occasion d’un voyage maritime, quelques bagnards à son service. Ils viennent du bagne de Toulon, bagne maritime s’il en est. Seulement, voilà ; le narrateur croit connaître le visage d’un de ces bagnards, le plus silencieux d’entre tous. Finalement, il avouera son identité ; Gabriel Lambert. Reste à savoir comment un homme qui semble aussi éduqué ait pu se retrouver au milieu des forçats, dont la grande majorité sont illettrés.

C’est là qu’intervient l’autre nom sous lequel on avait précédemment connu le pâle bagnard… qui se faisait appeler le vicomte de Faverne. Comment peut-on passer des luxueuses salles, dorées, immenses, gravées et sculptés de l’Opéra Garnier, au bagne étroit, austère, morne et triste ? C’est ce que le narrateur essaiera de savoir au fil des pages de ce livre.

Si le livre se révèle un peu long à démarrer, on se retrouve rapidement plongé dans la curiosité. Un tour de force ; il est difficile de faire en sorte que le lecteur s’intéresse à tel ou tel personnage. Pourtant, ce Lambert est véritablement intriguant. Et par notre curiosité, on se trouve absorbé par les différentes scènes qui se déroulent sous nos yeux.

Des notes d’un médecin ayant assisté à un combat à l’épée bien singulier entre deux hommes d’honneur, dont l’un est le dit vicomte de Faverne, on en apprend beaucoup plus sur le bagnard de haute société. Et comme la diversité est de mise, le roman se finit sur la narration d’un forçat enchaîné auprès de Lambert, qui, malgré tous ses efforts, ne parviendra jamais à faire croire à sa noblesse, toujours trahi par ses origines modestes. C’est là le point du récit.

Dumas rejoint Hugo en dénonçant, d’une manière plus implicite, les conditions du bagne et la sévérité des lois. La loi punit de mort le contrefacteur, retient Lambert. Une sentence exagérée ? Pas seulement.

Dans ce récit définitivement contemporain de Dumas, on a autant l’honneur de croiser le roi Charles X que le chef de la Sûreté, Vidocq, identifié seulement par la première lettre de son nom, mais qui ne trompe personne sur son identité. Un ancien forçat envoyant un de ses « compagnons » au-devant de la justice ; telle est l’apparition de Vidocq dans ce livre, toujours appréciée, ainsi que le Roi à qui on a l’audace de demander une commutation de peine.

Mais assez parlé ; je vous laisse découvrir l’histoire, si jamais vous venez à lire ce livre. Non pas tant pour sa charge politique, au contraire d’Hugo, mais bien parce que l’immersion est complète et parce que tout littéraire est curieux de nature.

Court de 200 pages, Le Bagnard de l’Opéra n’a rien à envier à ses grands frères, alors bonne lecture !

signature

Laisser un commentaire